#108 - The Instagram We Lost
Je suis tombé sur une analyse assez pertinente d’Instagram dont je vous résume ci-dessous le propos: le service réunit 6 apps; on ne comprend plus trop à quoi on a affaire.
6 apps, vraiment? Essayons de faire le compte:
Un service de messagerie où on trouve les DMs
Un concurrent sérieux à Tiktok aka Reels
Un store dont on se demande qui l’utilise
Les live
Les stories
Un feed
Petit à petit, le service est devenu bordélique à l’image de Facebook que je n’utilise quasiment plus (ça mériterait un autre billet de blog). La photo qui a fait le succès du service en est devenu le parent pauvre. Quand je scroll mon feed, j’ai une vidéo tous les trois posts au milieu desquelles se greffent quelques publicités.
Au niveau de la navigation, ça devient très pénible. Des 5 boutons du bas, il n’y en a aucun d’utile. Il faut étendre son doigt de tout son long pour checker les notifications. Pareil pour les DMs et la création de posts.
Mais c’est finalement le pitch initial de l’app qui est passé à la trappe. J’aimais Instagram parce qu’il constituait mon album photo personnel que je partageais librement. Je m’y plongeais régulièrement pour revivre certains moments avec un brin de nostalgie. Aujourd’hui, je n’y publie presque plus aucune photo. ça me semble odd… Et c’est probablement odd parce que le service lui-même a changé de nature.
Il a changé sous l’effet de deux mouvements: les influenceurs d’un côté, les MEMEs de l’autre. Dans le premier cas, les influenceurs ont instillé un étrange mouvement de classe en se positionnant au-dessus des autres. Ainsi, il faut suivre les routines, conseils et avis de personnes qui ne sont pourtant pas plus légitimes que le commun des mortels, le tout basé sur une métrique assez simple: le nombre de followers. Quant aux MEMEs (which i’m guilty of), ils font certes rire, mais ils sont orientés engagement. Ils se partagent à une vitesse folle sur les réseaux. On est donc dans la performance, pas dans le souvenir.
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Le tableau n’est malheureusement pas complet. Les plus jeunes d’entre nous prennent des millions de photos. Snapchat l’a bien compris, l’image est devenue un langage à part entière au point que cette génération ne se parle plus, mais s’échange des stories (donc des images au lieu de textes), ce qui a eu un effet de bord: la montée du dark social. La plupart des photos s’échangent d’individu à individu, sans être publiques. Ils ne sont pas les seuls à le faire, nous le faisons aussi via le groupe familial Whatsapp ou entre amis. And it’s fine, you know.
Enfin, Instagram a choisi d’évoluer pour neutraliser TikTok. Dans le genre rétention d’attention et engagement on ne fait rien de pire.
Au final, on a une app qui répond à tous ces besoins et n’a plus vraiment d’identité propre.
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Depuis le début de ce billet, j’essaie de mettre un mot sur ce que nous avons perdu au fil des années. Ce mot, c’est “intimiste”. Instagram est devenu un supermarché de contenus au détriment de la petite épicerie de quartier. Un thème que j’ai déjà évoqué dans ce billet: #50 - Gentrification
Mais du coup, où publier désormais son album photo?
L’auteur de l’article que je citais en début mentionne Glass. J’ai voulu me faire un compte, mais le service coûte 30$ à l’année. Après, on peut se demander s’il faut absolument publier des images en ligne… La réponse est évidemment non. Sauf que voilà, que ce soit sur Lightroom ou Photos (app MAC), on fait rarement des albums qui rassemblent les meilleures photos parce qu’il faut faire un tri et un editing. ça prend du temps. Quand on le fait malgré tout, on a généralement un album de nos vacances en Grèce, mais pas de grille à la Instagram où on avait une sélection des meilleurs moments des dernières années.
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C’est d’autant plus paradoxal que le digital est résolument visuel. Je l’ai déjà martelé ici à plusieurs reprises (Civilisation de l’image I, II, III et IV); OM va dans le même sens avec plus de talent dans cet article.
On a basculé dans un monde de l’image et pourtant, nous n’avons pas de solution idéale pour publier nos créations.
Flickr: a subi des rachats successifs (rarement bon signe) et pas suffisamment orienté mobile.
500px: trop orienté photographes pro in my opinion et pas assez mainstream dans l’idée de partager avec des amis.
ello: avait bénéficié d’une belle pub à ses débuts; j’avoue ne pas avoir suivi les développements depuis.
VSCO: l’une des meilleures alternatives bien que l’UI m’avait un peu perturbé
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Au final, j’ai fait un test de Glass mais je ne pousse pas plus loin l’expérience. Je ne me sens pas de gérer une présence encore en plus. This is madness.
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En bref et en vrac
Le mythique van VW revient en mars et il me fait déjà rêver…
L’article incontournable de la semaine: your attention got stolen
Comprendre les NFTs avec l’exemple des Bored Ape Yacht Club. Fascinant.
Quand les copier-coller depuis un PDF font péter la mise en page, use this simple trick
Quelqu’un a appliqué la bande son de Succession (immense série à ne surtout pas rater) à la dynastie Trump. Et ça fonctionne
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Substack se blogifie
Substack (le service que j’utilise pour vous envoyer cette newsletter) se blogifie. La dernière update donne un look “magazine” à la homepage de ma publication, de quoi combiner le meilleur des deux mondes (newsletter/blog).
Le blog accueille le contenu, la newsletter assure la distribution. Car en effet si on n’avait que le blog, on ramerait pour avoir des visites (quasiment mission impossible aujourd’hui au regard des millions de contenus existants). Si on n’avait que la newsletter, on ne disposerait pas d’une vitrine. Substack résout cette équation en offrant un peu des deux en une intéressante combinaison.
A voir si j’en profite pour rafraîchir le branding…
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Wrapping up
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Love ❤️,
-E