#81 - Insta submissive
J’ai tenté à plusieurs reprises d’arrêter mon compte instagram. A chaque fois, une personne me disait, “mais non, surtout pas, tu nous fais rire”. J’avoue que ça me contrariait parce que j’avais pris une décision, j’avais mobilisé le peu de volonté qui me restait pour prendre le recul si nécessaire avec ce réseau social et voilà qu’on me remettait le pied à l’étrier. J’ai fini par me dire que c’était un message du destin.
Instagram a gagné la partie haut la main par sa simplicité. On sait exactement quelles sont les rules of engagement.
On y trouve des images et des vidéos;
On l’utilise dès qu’on a deux minutes à tuer parce qu’on sait qu’on y trouvera pas des textes de 2000 signes;
L’interface reste minimaliste (par comparaison à un facebook qui est devenu très brouillon et bordélique);
On like, on commente rarement, on réagit en privé avec l’auteur.
Ce qu’on assume reste dans notre grille; le reste part en story
Tout cela, nous l’avons inconsciemment intégré comme une seconde nature.
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C’est aussi un espace qui a compris que nous vivions une époque dominée par l’image (lire notamment mes précédents billets sur ce sujet: 1, 2 et 3). Il est parvenu à faciliter le partage de ce médium mais en plus à agréger une masse critique d’abonnés. Bien joué, car la concurrence est rude sur ce terrain: Tumblr, Snapchat, TikTok, Ello, VSCO…
Et pour cause, il ne suffit que de quelques gestes et tapotements pour publier une image. Qu’elle soit piquée ailleurs ou produite par nos soins, la friction pour la mettre en ligne a été réduite au minimum. En gros, il n’y a plus de bonne raison pour ne pas mettre en ligne une photo.
Nous avons connu à peu près trois périodes depuis la naissance du réseau social:
la période des filtres: nous disposions d’appareils photos de mauvaises qualités. Les filtres nous permettaient de gommer ces imperfections.
la période esthétique: il fallait impressionner tout le monde avec la qualité de nos images. ça demandait pas mal de travail et de matériel.
l’avènement des MEMEs: où la réalisation qu’on pouvait partager des visuels de moins bonnes qualités, mais qui se partagent tout aussi bien voire mieux parce qu’ils touchent les bonnes
Mais quand je vois l’état de Facebook… je me dis qu’il va lui aussi, tôt ou tard, mal tourner.
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Un Roman Russe
J’aime beaucoup Emmanuel Carrère et lis donc petit à petit son oeuvre. Cette fois-ci c’était le tour d’Un Roman Russe, traitant de ses origines russes mais aussi (et surtout à mon avis) de son histoire d’amour avec sa compagne d’alors. Disons-le sans détour, cette partie du livre m’a plus intéressé que ses voyages à Kotelnietch.
Il y raconte notamment une opération qu’il a orchestré sur plusieurs mois sur invitation du Monde. Un long read qui a fait l’objet d’un feuillet spécial dans le quotidien en 2002 (si je ne fais erreur). Cet été-là, elle devait le rejoindre à l’Île de Ré depuis Paris via TGV. Il imagine donc ce voyage, sa compagne dans le TGV lisant ce feuillet qu’il a écrit à son intention et qui n’est autre que l’histoire imaginée de ce voyage, elle, seule à son siège en train de lire ces mots qu’il a écrit pour l’exciter. Un Mom porn avant l’heure dont elle est l’héroïne. Et comme ce feuillet paraît dans Le Monde, la probabilité est forte que d’autres voyageurs en transit dans le même train tombent aussi sur cet écrit, qu’ils réalisent qu’il y a dans ce train la femme décrite dans l’article, qu’ils se mettent à la rechercher et qu’ils se retrouvent dans le wagon restaurant pour deviner qui est qui.
Évidemment, tout ne se passe pas comme prévu et j’avais parfois l’impression de lire un Game of Thrones… M’enfin je salue sa créativité et surtout son courage.
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Moneyball
Basé sur une histoire vraie et disponible sur Netflix, ce film raconte l’histoire d’un manager joué par Brad Pitt contraint de monter une équipe de baseball avec un budget ridicule alors que dans la league, d’autres clubs déployaient des moyens pharaoniques. Il décide donc de changer de méthode et fait appel à un analyste qui sent intuitivement que les règles en vigueur pour embaucher des joueurs se basaient sur de mauvaises données. Il convainc le manager et tous deux écrivent l’histoire de ce sport.
C’est ce dont je vous avais parlé il y a quelques semaines: l’arrivée du Big Data remet en question des pratiques parfois vieilles de plusieurs décennies. Elles challengent des modes de pensée si fermement cimentés qu’il est difficile de faire évoluer les mentalités. Mais une fois adoptées, ces données peuvent apporter de réels résultats.
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Koh Lanta
C’est mon guilty pleasure depuis longtemps et j’assume. Cette année pourtant, ils ont voulu changer les règles en introduisant des armes secrètes. Il s’agit d’artefacts que les concurrents peuvent trouver sur l’île pour chambouler le cours du jeu. Collier d’immunité, détournement de vote, duel, etc... Ce faisant, la production souhaite générer des twists imprévus pour rebattes les cartes. S’il est vrai que la mécanique du jeu est bien connue, je crois malheureusement que ces armes secrètes gâchent le show en général, entre autres parce qu’on soupçonne un peu trop la production de manipuler le jeu à sa guise.
C’est qu’un show prévisible devient un show chiant. Et un show chiant n’attire pas le spectateur. On parle ni plus ni moins de rétention de l’attention et d’audience. On le voit particulièrement dans les séries qui s’amusent à jouer de nous en provoquant des retournements de situation que personne ne voyait venir.
OMG. WTFFF. Holly shit!!!
Mécanisme qui fait parler sur les réseaux. Qui amène de nouveaux clients. Etc.
Oui, mais voilà. A force, on voit les mécanismes, on voit la manipulation et… perso j’adhère de moins en moins. Car souvent, tout est pensé pour durer… et donc nous épuiser. Au détriment de la qualité.
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Wrapping up
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Love ❤️,
-E