#222 - Roadtrip en Grèce continentale
Il y a 6 mois, j’ai fait un roadtrip en Turquie. Convaincu par l’expérience, j’ai remis le couvert cette fois-ci en Grèce continentale, en partant d’Athènes pour faire une boucle qui m’a amené au nord du pays, à l’ouest puis dans le Péloponnèse, au sud, avant de revenir à mon point de départ.

Stage 1 - Delphes
Arrivé à Athènes vers 15h30, j’ai eu la désagréable surprise de constater que mon bagage n’avait pas suivi. Il était resté à Genève. J’ai donc dû attendre deux bonnes heures derrière un comptoir pas très efficace, avec la tension qui montait à mesure que le temps passait, parce qu’après j’avais encore 2h30 de route, sans parler du fait que je devais aussi récupérer ma voiture.
Dans la file, j’attends avec un papy grec à qui il est arrivé la même mésaventure. Il vit à cheval entre le canton de Vaud et Athènes. Ingénieur, il m’explique que ce genre de choses ne devrait pas prendre autant de temps (je suis bien d’accord!) et me raconte son séjour à Shanghai où il a passé 10 jours récemment. “We are ten years behind, you can’t imagine!”. Il me parle des voitures - toutes électriques -, des caméras dans les rues et des paiements qui se font électroniquement par WeChat. Pas sûr que ça me séduise, mais je ne doute pas que depuis mon dernier voyage là-bas, les choses ont passablement évolué.
Bon, je finis par faire ma déclaration, la valise prendra un bus régional le lendemain qu’il faudra que je récupère à la station de bus de Delphes. ça me contrarie un peu parce qu’évidemment, je n’ai pas de vêtements, pas de trousse de toilette, bref, rien à part tout l’électronique qui m’accompagne dans un sac à dos. Je récupère ma voiture, une VW T-Cross que je me réjouis de tester mais qui, comme nous le verrons plus tard, ne m’a pas vraiment convaincu. Départ pour Delphes.
La route est facile, j’arrive le soir dans un hôtel avec vue imprenable sur la vallée.
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Le lendemain, je me motive pour visiter assez tôt le site archéologique, de sorte que je sois disponible l’après-midi pour récupérer ma valise ne sachant pas exactement quand elle arrivera. A flanc de montagne, le site se visite assez rapidement, je dirais maximum deux heures auxquelles on peut ajouter une petite heure dans le musée.
La valise arrive enfin à 18h tapantes, avec le bus régional. Je pouvais suivre le parcours via un AirTag que je laisse toujours dans ma valise et qui s’est révélé très pratique en ces circonstances.
Je ne suis resté qu’un seul jour à Delphes, c’est largement suffisant pour faire les visites, on parle d’un tout petit village dont l’unique intérêt réside dans son site archéologique.
Stage 2 - Les Météores
Avant d’arriver à l’étape suivante, j’ai fait un petit stop aux Thermopyles, lieu légendaire de l’histoire antique qui a donné en 2006 le film 300. C’est à cet endroit que Léonidas et ses 300 Spartiates ont ralenti la progression des Perses et permis aux Grecs de s’organiser avant leur arrivée. Aujourd’hui le lieu accueille une statue à l’effigie du célèbre général… et un micro “musée” équipé de tablettes géantes pour raconter la bataille. Pour autant, on a du mal à se la figurer parce que la mer s’est considérablement retirée. Ce qui autrefois constituait un passage très étroit permettant à une petite troupe de retenir une armée entière, est devenu une grande étendue sans grand charme. Je ne dirais pas que c’est un must do absolu.
Les Météores constituaient la visite phare du Nord de la Grèce. Ces monastères construits au sommet de formations géologiques intrigantes attirent chaque année de nombreux touristes. Un James Bond a même été tourné là-bas (For Your Eyes Only).
J’ai adoré cette visite que j’ai étalé sur plusieurs jours. Au total, six monastères peuvent être visités, mais ils ne sont pas tous ouverts en même temps (différents jours d’ouverture). Il faut donc organiser son parcours en fonction de leurs calendriers respectifs. Comme il faisait beau, j’ai passé une journée entière à visiter 4 monastères, avec de nombreux stops pour prendre des photos à différents points de vue. Il est théoriquement possible de les visiter à pieds, mais je recommande vraiment d’avoir une voiture, parce que ça grimpe pas mal depuis la vallée, et les monastères sont disséminés sur une zone assez vaste. Chaque visite se monnaie au prix de 5 euros. Pour entrer, il faut se couvrir les bras et les jambes. De toute manière, je déconseille vraiment de les visiter en été, d’abord parce qu’avec le monde et la promiscuité des lieux, ça doit être infernal, ensuite parce que la chaleur doit être pesante. J’ai eu, le deuxième jour, droit à quelques cars qui acheminaient des étudiants italiens, ça donnait un aperçu de l’affluence en haute saison.
Sur le parcours, je rencontre John, un Canadien et une Italienne qui encadrait une classe avec qui on s’amuse à imaginer ce que ça donne par grande influence.
Comme en plus, on doit monter pas mal de marches, je ne pense pas que l’expérience soit super agréable en été. Je ne parle même pas des places de parking assez rares devant les monastères…Début avril en revanche, c’était l’idéal!









Je découvre l’architecture byzantine que je ne connaissais pas vraiment et dont l’héritage historique de l’Empire m’est largement inconnu. Pour le coup, je trouve cette architecture assez belle comparée, par exemple à la gothique.
J’avais un jour de battement que j’ai utilisé pour faire un saut à Thessalonique, la deuxième ville de Grèce. A l’origine, j’avais envisagé atterrir là-bas et y passer trois jours avant de bouger. Fort heureusement, je ne l’ai pas fait, parce que c’est une ville sans grand charme que je trouve un peu survendue par le Lonely Planet. Ils ont raison pour le côté “jeunes”, mais la ville en elle-même est pas super en termes d’atmosphère. Beaucoup de bruit et de circulation. Sur le retour, je me suis arrêté à Vergina qui abrite la tombe de Philippe II (père d’Alexandre le Grand) dont le musée, très lumineux, m’a particulièrement convaincu. Un petit détour qui a sauvé la journée, après la visite écourtée de Thessalonique.
Le troisième jour, j’ai visité les deux derniers monastères des Météores avant de partir pour la troisième étape de mon séjour grec: Ioannina.
Stage 3: Ioannina
Ioannina est la 7e ville grecque. Je ne sais plus trop ce qui m’a amené dans cette ville, si ce n’est que je ne voulais pas basculer tout de suite sur l’adriatique avec les îles ioniennes dont je connais la beauté. Je voulais faire une étape à mi-chemin pour m’imprégner du nord du pays, avec quelques visites (dont la ville) au programme.
Ioannina est à l’image des autres villes grecques, très motorisée et bruyante, mais les gens sont très accueillants, sans doute moins habitués à accueillir des touristes. Thessalonique m’a jusqu’à présent laissé la plus mauvaise impression à ce niveau là, mais peut-être aussi ai-je été malchanceux.
J’ai laissé la visite de la ville pour le deuxième jour, j’ai profité du beau temps pour aller non loin de là, au Canyon de Vikos connu pour être l’un des canyons les plus profonds et larges par le Gusiness book. C’était l’occasion de faire une petite pause nature. La visite est en effet assez impressionnante et pour moi qui ai le vertige, pas toujours simple. Il existe plusieurs points de vue possibles, j’en ai fait qu’un seul, à côté du village de Monodentri connu pour ses maisons typiques en pierres apparentes où j’ai mangé. Je suis ensuite allé faire un saut au nord pour une visite culturelle qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Je n’étais qu’à quelques mètres de la frontière albanaise. Puis retour à Ioannina où je me suis reposé un peu de toute cette route.
Ioannina se démarque par son influence ottomane. On reconnaît l’architecture des bâtiments, mais aussi plusieurs mosquées qu’on peut visiter. La vieille ville est assez sympa en ce qu’elle est préservée du trafic. La visite des différents monuments se fait rapidement, le château n’étant en réalité que des murailles qui abritent des musées qu’on peut visiter, sans être extravagants. Rien de foufou, mais quand même une question en déambulant dans les rues, comment autant de cafés peuvent-il survivre les uns à côté des autres, qu’est-ce que ce trip grec pour les crêpes et gossshhhh ce trafic automobile gâche vraiment tout (même impression dans toutes les villes grecques)
Stage 4: Lefkada
Avec Lefkada, j’entrais dans une partie de mon voyage un peu plus ouverte et donc orientée détente. Lefkada est la seule île grecque accessible gratuitement en voiture, reliée au continent par un pont flottant. La ville se démarque par des accents cubains. Façades aux couleurs pastelles et petites ruelles très charmantes où l’on peut déambuler. C’est pourtant à Nydri que j’avais trouvé une petite pension, un petit village côtier qui semble très sympathique en haute saison mais un peu mort quand je suis venu parce que la plupart des commerces et restaurants étaient encore fermés (ce sera le cas partout en Grèce). De fait, la saison n’est pas encore lancée. J’espérais pouvoir me baigner, mais depuis le début de mon séjour, il fait assez froid, alors je me suis contenté de visiter cette île très montagneuse où je ne restais de toute manière que deux jours. Les plages côté Ouest ont un bleu turquoise à faire pâlir les Maldives.
Je fais la connaissance de deux petites terreurs absolument adorables.
Même si le lieu a l’air prometteur, j’ai l’impression que les autres iles ont plus de potentiel (je garde à ce titre un meilleur souvenir de Paxos pas loin d’ici).
Stage 5: Pakouli - Olympie
J’entre enfin dans le Péloponnèse avec un premier arrêt à Pakouli, pas très loin de Patras pour visiter Olympie le jour suivant. J’ai trouvé une petite résidence très charmante avec terrasse et grand confort à l’intérieur, un peu retirée dans la campagne mais à 1min d’accès de la mer. A nouveau j’espérais pouvoir me baigner mais il faisait ce type de temps où dès qu’un nuage cache le soleil, vous avez froid.
Je suis donc allé visiter Olympie le lendemain de mon arrivée, sans grande attente. J’ai beaucoup aimé cette visite où l’on déambule dans les vestiges de ce site, aussi parce que les arbres étant en fleurs (les arbres de Judée sont splendides), la nature donnait une atmosphère printanière très charmante à ce lieu dont il ne reste malheureusement pas grand chose sur pied. Cerise sur le gateau, la fréquentation restait encore très faible, ce qui rendait la visite d’autant plus agréable.

Le musée abrite quelques statues en relativement bon état, dont les frises du temple de Zeus impressionnantes par sa taille. Jusqu’à 2m90 de hauteur pour la pièce centrale! De fait, le temple de Zeus dont il ne reste hélas qu’une colonne donne une idée de l’envergure de l’édifice.
Mais le musée a aussi un artefact d’une valeur inestimable, le casque que le Général Miltiade portait à la célèbre bataille de Marathon.
Stage 6: Kardamyli (proche de Kalamata)
J’avais 4h de route devant moi, j’ai décidé de couper en deux pour faire un stop dans le centre montagneux du Péloponnèse, pour visiter l’un des temples grecs les mieux conservés et dont la légende dit que son architecte n’est autre que celui à l’origine du Parthénon d’Athènes. A deux pas, se trouve la ville d’Andritsaina très plaisante pour y croquer une morce.
Je savais que le temple était désormais protégé par une espèce de chapiteau immonde qui ne met pas du tout en valeur, mais je voulais quand même voir cet édifice. Le temple est splendide, mais tellement mal mis en valeur que c’est presqu’un massacre de le présenter ainsi au public. Autant ne rien montrer. C’est vraiment dommage parce qu’on sent tout le potentiel du lieu.



et voici le temple tel qu’il était avant la bâche…
Quand j’arrive à Kardamyli, je suis d’emblée emballé. Petit village côtier, j’ai déniché un luxueux studio dans un hôtel qui surplombe toute la côte. Depuis mon balcon, je domine la baie si magnifique. C’est mon étape la plus longue, je suis tombé assez juste pour le coup et me réjouis d’y passer 4 jours pour me poser un peu.
Je profite de la première journée pour faire une petite randonnée légère sur les hauteurs. J’en avais assez de la voiture, après une étape de la veille que j’ai trouvé un peu pénible car très sinueuse dans les montagnes.
Le lendemain, je vais à Messène, pas très loin de Kalamata. Messène est l’un des joyaux grecs en termes de site archéologique, avec une mention spéciale pour le stade particulièrement bien conservé. D’autres ruines peuvent être observées, moins impressionnantes mais complètent ce site qui en fait peut-être le plus important de la Grèce. Peu fréquenté, il est en plus très agréable de déambuler dans ce parc.
Pour le dernier jour, je fais un petit tour à Kalamata, pas très sûr de moi tant mes expériences précédentes avec les grandes villes grecques ne m’ont pas convaincu. En plus, je me plais vraiment bien à Kardamyli, alors c’est un peu à reculons que j’y vais, me disant que je n’aurais probablement pas d’autres possibilités d’y aller. Et j’ai bien fait. Même si je ne me suis pas trop attardé, le centre historique était assez agréable à la déambulation, avec des rues piétonnes très jolies. Pour être totalement juste, le beau temps rendait mes flâneries plus séduisantes aussi.
Stage 7: Nauplie
Avec Nauplie, j’entamais la dernière étape de ce roadtrip. C’est un petit déchirement au coeur de devoir partir tant Kardamyli m’a plu, pour son hôtel et ce côté dolce vita super agréable. Et de fait, je n’ai pas vraiment été convaincu par Nauplie. Sur-côté à mon sens, le centre historique et piétonnier est en effet sympa, mais en dehors, on retrouve une ville sans grand charme. J’y ai par ailleurs assez mal mangé, ce qui n’arrangeait rien (peut-être juste mal tombé). On sent que c’est hyper touristique, ce qui gâche un peu l’expérience et comme on approchait de Pâques, les touristes commençaient à affluer.
Je n’y ai pas beaucoup alloué de temps, préférant partir au nord pour visiter l’Isthme de Corynthe, assez impressionnant, et Mycènes, mythique lieux des Atrides.
Le lendemain, dernier jour, je vais voir l’amphithéâtre d’Epidaure. Sublime par sa conservation et son envergure, et me motive pour visiter la forteresse qui surplombe Nauplie.
Gastronomie
La Grèce offre une gastronomie riche avec des influences italienne ou orientale. J’ai adoré cette idée simple où les restaurateurs vous emmènent vers la cuisine pour vous montrer les plats du jour, généralement de cuisine grecque. On oublie le menu, on se laisse déterminer par l’inspiration du moment. Au delà de ça, choqué par la différence de qualité dans les yoghurts grecs. Ce qu’on mange en Suisse n’a absolument rien à voir. Les olives sont à la fois charnues et délicieuses.
J’ai bien aimé les Saganaki sans forcément en vouer un culte. Le cake orange intense, Portolakapitai, a été un petit coup de coeur alors que sur le papier, il n’impressionne pas. L’Ekmek, c’est pas mal aussi, mais un chouia écoeurant pour moi. Et la Moussaka, très bon, mais j’ai un problème personnel avec la consistance. Trop mou je trouve.
Partout où je suis allé, on retrouve cette culture du grill, en mode souflaki (morceaux de viande) ou gyros (lamelles de viandes coupées). Je n’ai pas toujours été convaincu par le résultat…
VW T-Cross: grosse déception
J’espérais mieux de VW… Si la tenue de route était très bonne et le son du moteur très agréable quand on le pousse dans les tours minutes, j’ai été très agacé de ne pas avoir de régulateur de vitesse (j’ai cherché partout sur youtube, rien trouvé) et la climatisation est un enfer à régler pour être bien dans l’habitacle. On vire du trop froid au trop chaud, sans jamais trouver le juste équilibre. Je garde un meilleur souvenir de la Renault Clio entrée de gamme qu’on m’a donné en Turquie et que j’avais payé moins cher. Cherchez l’erreur!
La Grèce, les plus
l’accueil exceptionnel des Grecs, partout où je suis allé (sauf peut-être Thessaloniki)
un style de vie assez easy going, très agréable. Pas de prise de tête.
des produits simples mais bons. Le yoghurt grec est exceptionnel, les salades grecques également. Pourtant, dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas un big deal sur le papier.
des infrastructures qui fonctionnent parfaitement.
les oliviers.
la Méditerranée (ce bleu égéen 😍).
des hôtels pas toujours séduisants quand on les réserve sur Booking.com mais irréprochables une fois sur place.
des particularités régionales qu’on sent riches. L’architecture byzantine, les maisons blanches et bleues ou en pierre apparentes.
un pays qui semble ouvert aux influences des pays proches, de l’Italie d’un côté et du Moyen-Orient de l’autre, tant d’un point de vue architectural (palais vénitiens ou maisons de type ottomanes) que gastronomique.
une immense envie de me replonger dans les auteurs grecs, avec une petite pointe d’amertume de n’avoir pas pu visiter tous ces sites plus tôt.
un patrimoine culturel hyper riche.
La Grèce, les moins
les grandes villes ne sont pas super agréables, en particulier à cause du trafic assez élevé. Y circuler n’est pas insurmontable mais pas toujours très évident. Quand à flâner dans les rues, ce n’est pas toujours super plaisant.
des sites archéologiques qui mériteraient parfois une modernisation, notamment dans les panneaux explicatifs. Plus d’une fois, je suis tombé sur des notices illisibles car très abîmées par le temps.
pour continuer sur ces notices, comme partout ailleurs du reste, elles racontent très mal ce qu’on voit. C’est un langage d’universitaires, à destination d’universitaires. On ne sait même pas ce que c’est qu’un péristyle ou une abside, alors ne développez pas sur le sujet... Racontez-nous une histoire bon sang! Déjà au collège, on nous matraquait avec les styles de colonnes, doriques, ioniennes ou corynthiennes. C’est absurde.
beaucoup trop de péages, même s’ils sont relativement abordables.
une fracture qu’on sent entre le nord et le sud un peu dommage, mais ce n’est peut-être qu’un ressenti.
comme en Turquie, les taxes exorbitantes des ATM. Du vol!