#63 - Next trend unfolding
ça y est … après avoir tourné autour du pot, j’ai enfin investi une petite somme en bitcoin. Et ce n’est pas facile pour plusieurs raisons:
D’abord parce qu’il faut passer par une plateforme qui peut faire faillite (= vous perdez votre argent)
Qu’une fois la somme investie vous pouvez aussi la perdre en cas d’effondrement du cours. Si tel est le cas, il ne faut surtout pas vendre, mais du coup, votre somme est immobilisée, peut-être pour des mois voire des années, jusqu’à ce que le cours se rétablisse.
Enfin, parce que je ne suis pas habitué à l’investissement. En théorie, il faut placer une somme et attendre quelques années pour retirer ses bénéfices. ça signifie être patient alors que j’ai tendance à spéculer à court terme (acheter et vendre pour faire un petit peu de bénéfices sur les montées et descentes du cours)
Toujours est-il que je continue à me familiariser avec les cryptos.
Le bitcoin est considéré comme une valeur refuge. Il a gagné 1000$ en quelques jours parce que l’issue de l’élection présidentielle était incertaine. Il en a perdu 700$ quand Biden a été finalement désigné vainqueur.
De son côté, l’Ethereum (l’autre grande crypto) est monté jusqu’à 450CHF parce qu’une update importante, appelée “ethereum 2.0”, se profile pour début décembre. Il s’agit d’une mise à jour majeure de la blockchain Ethereum la rendant plus sûre et plus efficiente (apparemment les coûts de transaction avaient skyrocketé ces derniers mois).
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Tout ce monde continue donc son petit bonhomme de chemin bien loin des yeux du grand public alors que ce qui s’y passe devrait façonner le web de demain. Cela me fait inévitablement penser à la théorie de la diffusion de l’innovation (Rogers 1971):
Selon cette théorie, 5 catégories de personnes se côtoient:
les innovateurs: ceux qui créent l’innovation et sont prêts à essayer de nouvelles idées.
les early adopters: ceux qui se l’approprient en premier. Généralement, ils font partie du même écosystème que les innovateurs, leur proximité avec ces derniers facilite l’adoption d’une innovation.
la early majority: ils jouent un rôle crucial dans la diffusion d’une innovation. C’est grâce à eux (ou pas) qu’une innovation se diffuse ensuite vers les autres couches de la population.
la late majority: sceptiques par nature, ils adoptent une innovation quand un système social l’a déjà fait.
Laggards: conservateurs méfiants, ils sont les derniers à adopter une innovation (s’ils l’adoptent).
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Alors que certaines couches de la population peinent à utiliser ne serait-ce qu’une souris (j’exagère à peine), d’autres sont déjà en train de penser et créer le web de demain. La société devient asynchrone; il y a une inertie dans l’adoption d’une innovation.
Certains avaient comparé ce phénomène à une migration. Il y a les premiers colons, puis les suivants, etc. C’est assez convainquant. Nous quittons le monde analogique pour rejoindre le monde digital en le construisant petit à petit. Mais nous ne sommes pas encore arrivé à destination. Il y a encore du taf.
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Yuval Harari avait théorisé ce problème dans l’un de ces livres, je crois qu’il s’agit de “21 problèmes pour le XXIe siècle”. Les êtres humains vont de plus en plus être confrontés à leur propre obsolescence. Plusieurs fois dans leur vie, ils devront réapprendre tout un métier parce qu’ils seront devenus obsolètes. Parce que leurs compétences ne correspondront plus aux besoins du marché.
Je vois bien ce qu’il veut dire et en même temps, cela me semble assez peu réaliste. Ou tout du moins, les structures actuelles le permettent peu. Je suis plutôt favorable à l’apprentissage every fucking day. ça ne veut pas dire se plonger dans un livre technique et y apprendre par cœur tout ce qu’on y lit, mais simplement allouer tous les jours 30 minutes à s’informer sur son industrie et si besoin, pousser plus loin lorsqu’on repère un élément qu’on juge incontournable. C’est ce que je fais en ce moment avec les cryptos et blockchains.
Je crois beaucoup au stack knowledge. Petit à petit, chaque jour, ce savoir se construit et s’étend et après quelques années, on est plus à même de faire face à des retournements disruptifs voire à les anticiper. De même, on se distingue de la concurrence parce qu’on aura acquis X années de savoirs que les autres actifs n’auront pas forcément.
C’est une manière d’envisager sa carrière à rebours de ce qu’a connu la génération de mes parents à qui on leur disait: “faites des formations une à deux fois par année”. ça fonctionnait peut-être à l’époque, aujourd’hui, ça ne convient plus. Les évolutions vont trop vite pour attendre la formation annuelle, elle est en générale déjà obsolète quand elle est donnée.
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Bien sûr, l’on trouvera plein d’exemples où ce schéma ne fonctionne pas. Un caissier n’a pas besoin de se mettre quotidiennement à jour. Un comptable non plus. Mais au fur et à mesure que nos jobs se déroulent sur le digital, qu’ils évoluent à la vitesse du digital, il nous est devenu de plus en plus nécessaire de suivre. Parfois, une vidéo youtube suffit à combler un manque, car après tout, on ne peut pas tout couvrir… mais si on ne suit pas du tout, alors le risque de l’obsolescence plane. Et rattraper le train devient plus difficile.
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Est-ce qu’à long terme, nous pourrions observer des phénomènes similaires à ce que nous avons vu avec les gilets jaunes et Brexit, à savoir une société qui se brise en deux, d’un côté les gagnants de l’innovation, de l’autre les perdants (ndlr: gagnants de la mondialisation et les perdants pour les gilets jaunes)? Il est probable qu’à long terme, cela crée des frictions basées sur l’âge des individus.
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Et pourtant, tout cela se déroule sans qu’aucun débat n’aie lieu.
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-E