#14 - Getting ready for a new decade
Dans un peu plus de trente jours, nous démarrons une nouvelle décennie. Il y a 10 ans, je ne me posais pas plus de questions que ça, je devais terminer mon Master et trouver un job. Voilà à quoi se résumait mes préoccupations.
10 ans plus tard, je m’en veux de ne pas m’être un peu plus interrogé sur mes valeurs. J’ai beaucoup appris sur moi-même pendant ces dernières années; rien ne s’est passé comme je l’avais imaginé. Et si aujourd’hui j’ai l’impression d’être un peu plus clair sur mes intentions et ce qui me semble important, j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir.
Journaling
Chose promise, chose due. J’en avais vaguement parlé précédemment, je tiens un journal depuis 2008. J’ai d’abord commencé sur un beau cahier Moleskine avant de me reporter sur Word. Puis, de retourner sur papier depuis que j’ai découvert mon agenda de coeur, les Hobonichis Cousin, format A5. Je suis à plus de 480 pages dactylographiées, rédigées à un rythme plus qu’irrégulier (oui parce que même si j’écris sur papier, je les copie ensuite sur digital et scanne les pages en plus). Pour certaines années, je n’ai que quelques entrées, pour d’autres, j’ai presqu’une une saisie par jour. Je ne me suis pas mis la pression, mais j’ai tout de même suivi quelques règles et observé quelques points intéressants:
Je n’y parle jamais de mon job, ou de manière très épisodique. Certains le font pour évacuer leurs soucis, moi au contraire, j’ai remarqué que ça me maintenait dans cet univers, ce qui n’est pas très sain.
Il est toujours intéressant de noter les interrogations, émotions ou sensations que l’on a, même si nous n’avons pas les réponses au moment où on les rédige. En les relisant, en murissant la problématique, les choses se débloquent d’elles-mêmes. Les mettre par écrit permet de les révéler et de les préciser. Si on ne parvient pas à les écrire, c’est que tout n’est pas clair dans notre esprit et que ça mérite de s’y attarder.
Ces deux dernières années, j’ai été obsédé par la problématique des bonnes/mauvaises habitudes. On parle d’”adulting” en anglais. Ces choses que nous devons faire, non pas parce qu’elles nous plaisent, mais parce qu’elles sont nécessaires. Dans mon cas, c’est surtout la notion de “repos” qui m’a obnubilé. Comment récupérer après une semaine de travail? J’ai eu beaucoup de mal à y répondre parce que j’avais cru à tort qu’en restant tranquille, p.ex. en regardant une série, on se ménageait. Les résultats ne suivaient pas, je démarrais la semaine lessivé alors que je m’étais économisé.
Le repos, c’est faire des activités différentes de ce qu’on fait régulièrement. Si mon job consiste à gérer des infos, assis devant un écran, alors je dois être plus actif sur mon temps libre et foutre la paix à mon esprit, par exemple en faisant de la rando. C’est assez contre-intuitif, puisqu’on se dit qu’en marchant longtemps, on va se fatiguer…mais il est faux de croire que rester devant un écran repose.Depuis 2018, j’ai donc incorporé plusieurs bonnes habitudes pour mieux équilibrer mes besoins: lecture pour éviter l’écran, yoga pour me détendre et bouger, méditation pour ménager mon cerveau, etc. ça veut aussi dire, s’éloigner du smartphone, modérer les réseaux sociaux (j’ai tout supprimé de mon portable), préférer des films aux séries (ces dernières vous encouragent à consommer sans modération), se limiter à quelques sites et quelques personnes, préférer des blogs à des photos instagram…
Austin Kleon explique que tenir journal nous permet de faire attention à notre vie.
”I keep a diary for many reasons, but the main one is: It helps me pay attention to my life. By sitting down and writing about my life, I pay attention to it, I honor it, and when I’ve written about it long enough, I have a record of my days, and I can then go back and pay attention to what I pay attention to, discover my own patterns, and know myself better. It helps me fall in love with my life.“
J’irai un peu plus loin: un journal permet de rester aligné avec ses propres inclinations. C’est un moment où on s’écoute à une époque dominée par le bruit, où tout le monde réclame de l’attention. Facile de s’oublier dans ces conditions. Dans son livre “digital minimalism” Cal Newport parle de “solitude deprivation”. Non seulement, nous ne sommes plus jamais seuls, mais en plus, nous ne supportons plus la solitude. On s’occupe avec Instagram ou Netflix…si bien qu’il n’y a plus le temps pour l’introspection. Et c’est ainsi qu’on s’écarte de ses inclinations.
Se réinventer
Il y a quelques mois, je discutais avec un ami et lui confiais mon besoin de me “réinventer”. Réponse surprenante de l’intéressé:
“se réinventer, ça veut dire se retrouver”
Et oui, du latin invenio qui veut dire trouver. Bref, vous l’aurez compris, je cogite.
Age of Empires 4
Je ne joue plus aux jeux-vidéos depuis plusieurs mois, il était temps de grandir me direz-vous… En même temps les jeux-vidéos ont désormais un public très large, constitué également d’adultes. Si j’ai arrêté, c’est parce que j’en sortais souvent énervé. Cela étant, j’ai toujours une fibre pour les jeux de stratégie en temps réel (comme je l’ai déjà expliqué) ce qui ne m’a pas empêché de m’écarter de ce genre au profit par exemple d’Overwatch (qui fait l’objet désormais de coupe du monde!!!). Avec le retour d’Age of Empires, je sais déjà que je ne pourrai pas y résister. C’est un peu ma madeleine de Proust, un des jeux qui m’a fait aimé l’informatique au détriment des consoles, et auquel j’ai joué de longues heures. A une certaine époque, on organisait des LANs, des week-ends où nous déplacions, tours, écrans cathodiques et tout le barda chez nos potes pour jouer ensemble.
J’avoue avoir été un peu déçu d’apprendre que cet épisode reprendrait le Moyen Age alors qu’on s’attendait à l’époque contemporaine, puisqu’Age of Empires 3 s’arrêtait à l’époque moderne.
Profession romancier
J’ai pas mal lu Haruki Murakami, même si je ne suis pas un immense fan de son style. Quand j’ai appris qu’il sortait un livre intitulé “Profession romancier”, je me suis précipité. J’ai bien aimé dans l’ensemble et admire les choix de vie qu’il a faits et assumés. Parti de rien, il s’est d’abord lancé comme tenancier d’un bar (jazz) puis à trente ans, s’est dit qu’il écrirait bien un livre. Son premier manuscrit gagne un prix, il devient connu et ainsi commence sa success story. Il reste très fidèle à ses convictions, ce que j’admire. Parfois, la sagesse aurait incité une autre personne à garder son bar et écrire à côté plutôt que de tout quitter.
Il y a cette vieille phrase qui me hante, tirée de l’excellent film “13 jours”:
Il y a quelques chose d’immoral à renoncer à ses propres convictions.
De mon côté, je peine à terminer mon deuxième manuscrit, tandis que je n’ose pas envoyer le premier. Forcément ça me fait réfléchir… Pour Murakami, la clé est assez simple: il faut aller vers ce qui nous apporte de la joie. Marie Kondo, sors de ce corps!
Comme d’habitude, quelques extraits que j’ai bien aimés.
Revue de presse
L’expression du moment tient en deux mots: “ok boomer” ou quand les millennials s’impatientent de l’attitude de leurs aînés… (je ne vais pas les contredire)
Il se passe des trucs de fou sur TikTok
Il faut lire les commentaires de ce tweet
Quand une étude estime que les séances au bureau sont une forme de thérapie (suis dubitatif)
Hurt travels through time (je suis assez d’accord)
Love,
-E