#54 - Digital
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais on parle souvent de digital quand on parle d’Internet. Or, il ne s’agit pas tout à fait de la même chose puisque qu’internet est une partie du digital. Quand nous utilisons un ordinateur, nous utilisons un appareil digital, mais cet ordinateur n’est pas forcément connecté à Internet. Un iPod, un stylet, une souris, un écran… tout ça c’est du digital. Mais ils ne sont pas connectés au web.
Il y a donc une facilité de langage qui porte à confusion.
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Quand on parle de digital donc, on parle de bien plus que du web. Bitcoin, PHP, clavier, souris, montres connectés, fibre optique, Apps, billets électroniques, blockchain, bases de données, etc … au point de perdre le sens de ce mot. Nous l’appréhendons difficilement dans son ensemble parce qu’il englobe une réalité que nous ne pouvons saisir dans nos petites têtes limitées.
Le problème vient probablement de l’anglais, ou de notre compréhension de l’anglais, en tant que locuteurs francophones, car la définition du mot en français « numérique » nous aide à mieux distinguer l’analogue du numérique, tandis que quand on pense à digital, le terme convoque un moyen de communication plus qu’une technologie.
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Nous n’avions pas l’habitude de définir notre monde comme analogue. C’était le monde dans lequel on vivait. Point. Puis, à mesure que toutes ces nouvelles technologies sont arrivées, il nous a bien fallu distinguer l’ancien monde - celui dont on vient -, du nouveau. Nous ne nous rendons pas bien compte où tout cela va nous mener, mais les mecs de la Silicon Valley, eux, ont une vision assez précise de la situation. On remplace tout sous un prisme nouveau. Le moyen de nous informer, de communiquer et de nous divertir a explosé. Les monnaies telles que nous les connaissons vivent probablement leurs dernières heures avec l’arrivée des crypto monnaies. On parle du télétravail comme the new normal. A terme, l’idée même d’Etat avec ses frontières pourrait disparaître au profit de grands ensembles comme Facebook, Twitter, etc. ça paraît complètement absurde, mais c’est ce qu’ils veulent faire. Après tout, on vote déjà tous les jours grâce à des petits pouces levés.... On ne sera peut-être plus citoyen suisse ou français, mais d’une grande filiale privée comme un réseau social.
No way…. vous vous dites. Peut-être que ce ne seront pas ces noms là, mais toujours est-il qu’on peut déjà payer ses impôts en bitcoin à Zug…
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Mais ce n’est pas là où je veux en venir. Nous sommes des migrants venus du monde analogue et sommes en train de nous établir dans ce nouveau monde digital. Et probablement que, comme tout vrai migrant, nous connaissons une forme d’anxiété et de perte de repères (surtout de perte de repères). Certes, à une bien moindre échelle, incomparable, bien moins dramatique.
Je pense que vous comprenez ce que je veux dire.
Tout cela se passe cependant beaucoup plus lentement sur une échelle de temps longue. Voilà que cette révolution a démarré il y a plus de 60 ans avec Turing et nous ne sommes pas encore arrivés à destination, loin de là. Notre génération ne verra peut-être même pas le résultat final mais que des bribes.
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J’avais une très forte envie de vous parler de l’Odyssée. Ce long voyage qu’Ulysse entreprend pour retrouver Pénéloppe… Il y avait même des parallèles amusants. Le doux chant des sirènes qu’on peut comparer aux réseaux sociaux, les cyclopes (ou grand groupes qui nous espionnent) qu’on berne en nous prénommant « personne »,… mais ça ne joue pas. Ulysse fait un voyage de retour. Il n’y pas, à priori, de retour pour nous.
Love,
-E