#44 - Credit social
“Quand les ordres anciens meurent, ils se débattent.”
Autre phrase dans la même veine:
“The old world is dying and the new world struggles to be born. “
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Il n’y a pas que le monde qui est à la recherche d’un nouveau modèle. Moi aussi, il me faut me réinventer. Et je peine à le faire, car il se débat…
Le shopping ban était un début de réponse, aussi parce que tôt ou tard nous allons devoir vivre avec moins parce que cette planète ne pourra pas soutenir le rythme actuel et que plus tôt je m’y mettrai, plus tôt je serai prêt à cette nouvelle réalité. Il y avait aussi l’envie de vivre une vie un peu plus simple, autour du minimalisme, idée qui m’avait vraiment séduit. Alors où est-ce que ça coince?
Plusieurs raisons à mon avis:
les anciennes habitudes, une fois bien ancrées, sont difficiles à éliminer.
tout nous invite à consommer, tout est consommation. Difficile de ne pas être influencé quand on baigne 24/7 dans ce jus.
Il faut donc être vraiment (mais alors vraiment) très fort pour être complètement blindé à cet environnement. Je ne le suis de toute évidence pas.
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Et si?
Et si la solution était là sous mes yeux? Et si, le monde à venir prenait la forme du web tel qu’il s’est construit, en une organisation horizontale, avec des noeuds multiples?
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La fin des hiérarchies
Plusieurs petits cailloux laissés sur mon chemin me mènent vers cette conclusion. La semaine dernière je finissais les Carnets secrets de la Ve République dont un passage m’avait marqué quand l’auteure parle de l’arrivée de Loft Story et des conclusions qu’elle en tire:
Cette semaine, je m’intéresse à une philosophe, Julia de Funès dont j’adore le Grand-père, qui parle également de ce phénomène après avoir vu plusieurs vidéos dans lesquelles elle traite de télétravail. Elle fait le constat (à partir de 1m02) qu’il n’y a plus d’autorité spirituelle, politique, etc, même les objets que nous utilisons sont régulièrement changés sans que nous ayons le temps de nous y attacher (iPhone 4,5,6,7,8…). Il ne reste plus que l’individu.
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La toile comme modèle
Donc le schéma en réseau semble se confirmer. Mais il y a quand même une forme d’autorité et de pouvoir qui doit se manifester…
Voyons voir comment tout ça prend forme sur le web.
Buckle up!
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Bibliométrie
Quand Google est arrivé sur le marché, ils ont révolutionné la recherche sur internet en s’inspirant de la recherche scientifique. Pour arriver tout en haut des résultats Google, il fallait qu’un grand nombre de liens pointent sur un site. En d’autres termes, plus des sites internet faisaient un lien vers un autre site internet, plus ce dernier grimpait dans les résultats de Google, selon le mécanisme “si on te mentionne si souvent, c’est que tu dois être important”. On peut parler de système de vote ou de notoriété, car un lien est une forme de recommandation, de suffrage. On n’imagine pas un internaute faire un lien vers un site qu’il ne recommande pas.
Tous ces liens ne sont cependant pas égaux les uns avec les autres. Ceux qui sont eux même bien classés (par exemple le New-York Times) auront un effet démultiplicateur sur les liens qu’ils font, tandis que les sites inconnus (ce blog par exemple) n’aura que peu d’effets sur les liens qu’il fait. La notoriété s’hérite et il est donc stratégique de se faire mentionner par les sites bien classés. Pour le dire autrement, si Obama parle de vous sur son site, ça a un plus grand effet que si votre voisin vous mentionne dans son blog.
Fast forward au temps des réseaux sociaux. Le classement suit le même principe. Plus vous êtes mentionnés, plus on vous suivra, plus vous devenez une figure incontournable, pour le meilleur et le pire. Cinq lettres pour vous convaincre: TRUMP.
Les comptes les plus connus sont in fine auréolés d’un VU bleu pour les faire sortir du lot.
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Démocratisation de la démocratie
Si je reprends les termes que j’ai utilisés précédemment, le digital a démocratisé la démocratie. J’entends d’ici des cris d’orfraies à l’idée qu’on puisse comparer la démocratie, exercice noble du pouvoir civique, avec les réseaux sociaux où tout a lieu, pire, où les algorithmes tordent la réalité.
Or, il me semble que pour se faire élire, il faut récolter des voix. L’exercice n’est pas évident parce qu’il faut un parti et une organisation.
Sur les réseaux sociaux, des “nobodys” sont parvenus à devenir connus et à détenir une forme de pouvoir parce que d’autres personnes “ont voté” pour eux. Ce vote est différent, c’est vrai, mais quand on like un tel et pas un tel, on fait une espèce de vote pour l’un et pas pour l’autre.
Tous les réseaux sociaux embarquent cette forme de vote, le plus évident étant sans doute Reddit.
Il y a néanmoins une différence notable avec une élection traditionnelle. En démocratie standard, les élections ont lieu tous les X années tandis que sur le web, ces votes sont permanents. Arrêtez toute activité et votre influence (pouvoir?) baissera.
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Vote permanent
Il y a donc toujours une forme de hiérarchie, mais elle n’est plus pyramidale/verticale. Oubliez les organigrammes! Désormais votre position est remise en question quotidiennement et chaque jour vos fans votent (ou pas) pour ce que vous faites. C’est pour ça qu’il y a la tentation, chez certains politiciens de la campagne permanente. Trump l’a fait pendant tout son mandat et Macron a été accusé d’y avoir recours pendant le Grand Débat.
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Vote = nouveau capital?
Imaginez un recruteur qui doit départager deux profils similaires pour un même poste. Il se rend sur Linkedin et compare les recommandations présentes sur les deux profils. Inutile de préciser qu’il va choisir celui qui aura reçu le plus de recommandations. Ou pour le dire en d’autres termes, le profil qui aura reçu le plus de votes. Pourtant, l’autre candidat n’est pas forcément moins bon, mais l’absence de validation par ses pairs peut-être un signal négatif.
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Love,
-E