#179 - The Vapor Web
Alors que l’élection américaine approche à grands pas, des spécialistes se sont demandés sur quel média elle allait se jouer. Réponse:
Consider one possibility: nowhere. As the election looms, the media — old but also new, niche but especially mainstream — is falling to pieces. It seems not only possible but likely that this will be the first modern election in the United States without a minimum viable media: a placeless race, in which voters and candidates can and will, despite or maybe because of a glut of fragmented content, ignore the news.
L’article explique que les responsables de la campagne ne savent plus quoi faire pour atteindre leurs objectifs
The prospect of a Nowhere Election presents obvious challenges for any candidate: Without a clear sense of where audiences are gathered or whom they trust, it’s hard to know how to allocate resources or how to reach people. Social-media companies once gave candidates their own tools for end-running the “monolith.” By 2020, they had come to represent the corporate media, accused simultaneously, and often fairly, of both profiting from the promotion of misinformation and censoring too much content. In 2024, mainstream social media will have been reduced, in electoral terms, to being just another place to buy ads or for partisans to double down (not entirely unlike late-stage cable news). Campaigns will become even more like spam operations than they already are, dumping vast quantities of content, and money, into a discursive void. In the traditional media, fewer reporters will be working on fewer stories for smaller audiences, and candidates will have no obligation, or motivation, to respond to or even acknowledge those stories.
Au final, ils bourrinent. Ce qui ressemble beaucoup à une intuition que j’avais: hyperdistribuer (tout en sachant que ce n’est qu’une fuite en avant).
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Ryan Broderick explique que la quantité de contenus continuant de croître, nous ne sommes plus en mesure de former une compréhension cohérente de ce qui se passe en ligne. C’est ce qu’il appelle The Vapor Web.
And so, to piggyback off both of them, and go a bit broader (as I typically do), I’m going to call our current moment the Vapor Web. Because there is actually more internet with more happening on it — and with bigger geopolitical stakes — than ever before. And yet, it’s nearly impossible to grab ahold of it because none of it adds up into anything coherent. Simply put, we’re post-viral now.
Le web a toujours été organique et dynamique mais nous avions des périodes assez longues où nous pouvions affirmer avec une certaine certitude, voici où se trouvent les audiences, voici quel influenceur pèse, etc. Nous connaissions les règles du jeu. Désormais tout est très mouvant, nous n’avons plus de terre ferme sur laquelle baser une stratégie.
En tant qu’utilisateur, nous savons que chaque plateforme intègre les fonctionnalités de leurs concurrents. Les stories par exemple se retrouvent presque sur chaque réseau. Les vidéos verticales à la TikTok? Pareil. Qu’est-ce qui différencie donc ces plateformes? Plus grand chose. Les utilisateurs restent par habitude mais cherchent des alternatives car ils sont de plus en plus insatisfaits avec la manière donc tout cela fonctionne. Ces alternatives n’arrivent pas parce que précisément, si c’est pour faire une énième copie de Twitter… ce n’est pas la peine. Les nombreuses tentatives ont démontré que ça ne prenait parce qu’elles n’arrivaient pas à générer une masse critique d’utilisateurs formant une communauté. Donc les utilisateurs non seulement baissent leurs activités, mais errent de plateformes en plateformes sans trop savoir quoi faire, dans l’attente de la prochaine plateforme qui casse la baraque, en vain.
Sauf que TikTok a complètement fait explosé cette notion de plateforme. Nous consommons du TikTok - champion du contenu qui s’exporte - sans même y être présents. Sur tous les autres réseaux, on voit des vidéos qui y sont issues. Pourquoi y aller donc? Ce phénomène participe à brouiller les pistes car nous apprécierons peut-être une vidéo, mais cela ne nous poussera pas forcément à nous faire un compte TikTok, ni même à follower son créateur. On l’oublie aussi vite.
Dans une newsletter récente, une femme explique comment une vidéo TikTok l’avait influencé et mené à mentir. Sous couvert de “j’ai lu ça quelque part…” elle avait en réalité vu une vidéo TikTok, mais son esprit a formulé une réponse dont elle ne s’est rendue que quand une amie lui a dit “oui, j’ai vu ça sur TikTok”. Goalée.
Je ne suis pas mieux et je me rends compte de nombreuses fois de ce problème quand je veux écrire cette newsletter. Impossible de me rappeler où j’ai lu cette info pour la sourcer correctement.
Rien ne reste.
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La montée de l’IA dans nos fils rend plus difficile notre compréhension des nouvelles règles du jeu. C’est la raison pour laquelle, les newsletters fonctionnent si bien, pourquoi Linkedin explose en ce moment et pourquoi, dans le même temps, d’autres semblent sombrer.
Ryan Broderick affirme que ce qui marche en ce moment, c’est les contenus de niche. Par exemple: hardcore food porn.
Vous mettez des beaux gosses, leur dites de faire des recettes de cuisine, le tout en étant très suggestif, vous mixez et … voilà
Je ne suis pas certain qu’il faille aller à la recherche de domaines encore inexploité, borderline. Ce n’est qu’une fuite en avant.
Je suis plutôt de l’avis du fondateur d’Omegle qui a fermé ses portes récemment:
I worry that, unless the tide turns soon, the Internet I fell in love with may cease to exist, and in its place, we will have something closer to a souped-up version of TV – focused largely on passive consumption, with much less opportunity for active participation and genuine human connection.
Pour conclure, je dirai que cette notion de Vapor Web est vraiment très séduisante car elle décrit assez bien le ressenti que nous avons actuellement. Tout repose sur le contenu, même les relations que nous avons bâties avec des internautes inconnus tendent à disparaître. Et comme les contenus se chassent les uns les autres, oui, tout finit par s’évaporer.
Plus aucune structure (ou vieille institution) domine. L’individu est seul face à lui-même ce qui pour le web est une contradiction phénoménale, le web ayant été créée pour communiquer avec d’autres personnes (des scientifiques, à la base, qui échangeaient leurs connaissances).
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Wrapping up
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Love,
-E