#106 - End of 2021
J’ai relu le billet que j’avais écrit pour clôturer 2020 et beaucoup de ce que je disais est encore valable. On vit toujours autant en ligne et ma nouvelle passion pour les cryptomonnaies se confirme.
J’ai toujours autant de mal à trouver la bonne distance avec le digital, je dirais même que je suis en pleine déroute et en consomme davantage qu’auparavant. ça devient très malsain, j’en ai conscience, mais peine à le corriger.
2021 n’aura pas été une année très épanouissante pour moi. Ces années de Coronavirus se distinguent par leur manque de relief. Chaque jour se ressemble, il y a peu de jalons ou de moments qui sortent de l’ordinaire...
J’ai néanmoins eu le sentiment d’avancer en changeant radicalement de point de vue sur la manière dont je percevais mes finances. J’avais une approche très suisse, d’épargne et d’aversion aux risques. Les cryptos m’ont démontré qu’il fallait remettre ces vieilles conceptions à plat. Car au final, comment évalue-t-on le risque de passer à côté de l’une des plus grosses opportunités de sa vie?
Ce qui me fait inévitablement penser au film Zero Dark Thirty, dans lequel un responsable de la CIA demande à un proche d’Obama: “Bien sûr, il est risqué de lancer une opération pour capturer Ben Laden alors que nous n’avons pas la certitude qu’il se cache bien dans cette maison, mais comment évaluez-vous le risque de passer à côté s’il s’y trouve bel et bien?”
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On ne retrouve aucune de ces préoccupations très personnelles dans la dernière rétrospective 2021 de Cee-Roo qui est un petit bijou de montage
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Cryptos
Au-delà de leur aspect financier, les cryptos (ou plutôt les blockchains) ouvrent d’intéressantes perspectives de refondation du web, plus en accord avec le web que j’ai connu quand j’étais ado, celui qui m’a mis le pied à l’étrier et qui m’a happé dans le monde numérique. Ainsi, après un intense mouvement de centralisation autour de grands groupes (Facebook, Google, Amazon, Baidu, etc.) on retourne vers une décentralisation salutaire.
Les cryptos sont souvent accusées de regrouper des personnes qui ne s’y intéressent que pour s’enrichir rapidement. Bien sûr que les opportunités financières sont intéressantes et réelles, mais réduire les cryptos qu’à ces seuls aspects est très injuste. Les blockchains vont bien au-delà des cryptomonnaies et elles pourraient être à terme une invention majeure dans l’histoire de l’humanité parce qu’elle révolutionnent les échanges entre personnes en se basant sur un système de “preuve” ou de “vérification” plutôt que sur un système basé sur la confiance. Ce qui, dans un monde globalisé est fondamental puisqu’il est difficile de faire confiance à des personnes vivant à des milliers de kilomètres et qu’on ne connaissait pas la veille.
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En vrac
Raphael Bloch est journaliste à l’Express. Régulièrement, il résume l’actu crypto, blockchain et NFT sur son compte twitter. ça ne dépasse jamais 280 signes et en même temps, ça atteste de la très forte dynamique du domaine résumé par son “en 24h” qu’il utilise comme modèle depuis plusieurs semaines. Exemple:
C’est à ce point dynamique qu’il devient difficile de keep up. Le New York Times révèle dans un article que les grands patrons et ingénieurs se tournent tous vers ce domaine. Comme je l’ai dit, on peut ne pas être convaincu par les fluctuations actuelles des cryptos (dieu sait si elles sont volatiles voire à la baisse en ce moment) mais on ne peut pas douter d’une chose: toute l’industrie y va! In fine, l’ambition de ces acteurs est assez simple, abattre le monopole étatique sur la monnaie. A mon avis c’est déjà trop tard pour ces états, ils ont déjà perdu la game (en Turquie, c’est en train de tourner au vinaigre…).
Signe que les cryptos deviennent mainstream, Gwyneth Paltrow, la papesse des routines bien-être, organise un give-away sur son insta.
Ci-dessous un classement des plus grosses capitalisations cryptos sur ces dernières années. Plus une crypto a une capitalisation élevée, plus elle atteste de sa popularité et de sa crédibilité, car les investisseurs misent dessus (sous-entendu il y a de la confiance pour ce coin). Sans surprise, Bitcoin arrive en tête. Ensuite, c’est plus fluctuant. Attention toutefois, pour Tether qui est un stable coin (et donc ne fluctue pas, il reste à 1$).
NB: ce classement change en permanence. Au sein d’une année, il évolue, mais c’est peu ou prou les grands noms, représentés ci-dessous par leur logo.
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Un tout petit monde
J’ai terminé Un tout petit monde qui m’a beaucoup plu. Au-delà du regard satirique sur le monde universitaire, l’auteur nous dépeint les débuts de la mondialisation telle que nous la connaissons (alors que le livre a été écrit au début des années 80).
ça m’a frappé et je vois à quel point ce monde universitaire a inspiré notre réalité :
La culture d’entreprise de l’université s’organise autour de la liberté académique. Les universitaires ne sont pas tenus de suivre un horaire fixe 8h-12h / 14h-18h. Ils peuvent travailler à minuit s’ils le souhaitent, de chez eux ou dans leurs bureaux, à part naturellement pour l’enseignement. Petit à petit, on y vient dans d’autres métiers, le télétravail en étant l’un des éléments les plus symboliques.
La carrière d’un universitaire repose sur deux jambes: la recherche et l’enseignement. Un modèle similaire se met en place chez les pionniers du web: des contenus qu’ils produisent, des cours ou conférences qu’ils donnent pour monétiser. Mais bon, c’est un modèle maître-apprenti bien plus ancien.
Le monde universitaire est super-concurrentiel. Plus vous avancez dans votre carrière, plus les places sont chères. Pour atteindre les derniers échelons, il n’y a pas de miracle il faut être le meilleur ou avoir un vaste réseau. Sur le web, la concurrence est très rude aussi puisque le marché est mondial avec un bémol toutefois: l’influence croissante des algorithmes.
L’anglais, comme dans notre monde, est la lingua franca de la science.
La bibliométrie (science qui calcule le nombre de fois qu’un-e théorie/auteur est cité pour évaluer son importance/sa crédibilité) a été reprise pour créer le page rank de Google.
Une page du livre décrit à merveille ce qu’on observe avec les communautés en ligne, lesquelles se suffisent à elles mêmes, vivent en autarcie et s’excluent les unes les autres. Sans révéler l’intrigue, l’un des personnages principaux n’aura de cesse d’essayer de sortir de ce “tout petit monde” fréquenté par les mêmes personnes.
La vie d’un universitaire est frappée par la solitude, parce qu’il fait des recherches que seuls quelques spécialistes au monde peuvent comprendre. Il lui est difficile de partager ses doutes et ses difficultés comme un salarié lambda pourrait le faire avec ses collègues, sa familles ou proches. C’est aussi ce qu’on peut observer en ligne chez certains influenceurs ou quand j’essaie autour de moi d’évangéliser sur les cryptos. Ce n’est pas simple à expliquer et de toute manière les gens n’ont pas le temps (ce que je comprends tout à fait).
Même si une hiérarchie existe, l’université fonctionne en réseau. Et si certains enseignants se détestent, ils savent qu’ils doivent composer avec leurs collègues. Il y a donc une forme de neutralisation dans un système très horizontal. Internet est par nature très horizontal et notre monde tend vers une organisation similaire.
A l’époque où j’ai écrit mon mémoire, la Confédération via le FNS (Fond national suisse) distribuait des fonds par rapport au nombre d’étudiants qu’une discipline avait de sorte que celles qui avaient les plus grands effectifs recevaient le plus d’argent. ça ne fonctionne pas que de cette manière et de toute façon, il y a des modes, les étudiants privilégiant telle discipline pendant un certain nombres d’années, puis telle autre dix ans après sans doute parce que les débouchés évoluent avec le temps. On peut aussi évaluer la vitalité et force d’une communauté en ligne par le nombre de membres qu’elle a. En crypto, mais pas que, on parle d’army. Ainsi, les adeptes du coin XRP se regroupent dans la XRParmy. Pour Shiba, on parle de la ShibaArmy. Etc.
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Liste des livres, séries et films vus et lus en 2021
Je termine ce dernier billet de l’année avec ma traditionnelle liste de livres, films et séries lus et vus.
Mon palmarès personnel:
Meilleur livre lu: Un tout petit monde, David Lodge
Meilleur film vu: La panthère des neiges
Meilleure série vue: En thérapie
Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année et surtout, prenez soin de vous!
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Wrapping up
💌 Une version en ligne de mes billets se trouve sur mon blog.
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Love ❤️,
-E